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Lis-Tes-Râtures
Dès que le printemps revient
--> Bouquet de textes printaniers ...
Demain c’est le printemps ! Voici un petit
bouquet de textes qui le célèbrent ! Le Printemps vu par … Pierre de Ronsard … Chanson épicurienne Versons ces roses en
ce vin, En ce bon vin versons
ces roses, Et buvons l'un à
l'autre, afin Qu'au coeur nos
tristesses encloses Prennent en buvant
quelque fin. La belle rose du
printemps, Aubert, admoneste les
hommes Passer joyeusement le
temps, Et pendant que jeunes
nous sommes Ebattre la fleur de
nos ans. Tout ainsi qu'elle
défleurit Fanie en une matinée, Ainsi notre âge se
flétrit Las! Et en moins
d'une journée Le printemps d'un
homme périt. Ne vis-tu pas hier
Brinon, Parlant et faisant
bonne chère, Lequel aujourd'hui
n'est sinon Qu'un peu de poudre
en une bière, Qui de lui n'a rien
que le nom? Nul ne dérobe son
trépas Caron serre tout en
sa nasse, Rois et pauvres
tombent là-bas; Mais cependant le
temps se passe, Rose, et je ne te
chante pas. La rose est l'honneur
d'un pourpris, La rose est des
fleurs la plus belle, Et dessus toutes a le
prix: C'est pour cela que
je l'appelle La violette de
Cypris… « Les
Odes » Théophile Gautier … Premier sourire du printemps Tandis qu’à leurs
oeuvres perverses Les hommes courent
haletants, Mars qui rit, malgré
les averses, Prépare en secret le
printemps. Pour les petites
pâquerettes, Sournoisement,
lorsque tout dort, Il repasse des
collerettes Et cisèle des boutons
d’or. Dans le verger et
dans la vigne Il s’en va, furtif
perruquier, Avec une houppe de
cygne, Poudrer à frimas
l’amandier. La nature au lit se
repose ; Lui, descend au
jardin désert Et lace les boutons
de rose Dans leur corset de
velours vert. Tout en composant des
solfèges, Qu’aux merles il
siffle à mi-voix, Il sème aux prés les
perce-neiges Et les violettes aux
bois. Sur le cresson de la
fontaine Où le cerf boit,
l’oreille au guet, De sa main cachée il
égrène Les grelots d’argent
du muguet. Sous l’herbe, pour
que tu la cueilles, Il met la fraise au
teint vermeil, Et te tresse un
chapeau de feuilles Pour te garantir du
soleil. Puis, lorsque sa
besogne est faite Et que son règne va
finir, Au seuil d’avril
tournant la tête, Il dit : « Printemps,
tu peux venir ! » THÉOPHILE GAUTIER,
Premier sourire du printemps, in Anthologie des poètes français contemporains. Victor Hugo … Après l'hiver Tout revit, ma bien
aimée ! Le ciel gris perd sa
pâleur ; Quand la terre est
embaumée, Le coeur de l'homme
est meilleur. En haut, d'où l'amour
ruiselle, En bas, où meurt la
douleur, La même immense
étincelle Allume l'astre et la
fleur. L'hiver fuit, saison
d'alarmes, Noir avril mystérieux Où l'âpre sève des
larmes Coule, et du coeur
monte aux yeux. O douce désuétude De souffrir et de
pleurer ! Veux-tu, dans la
solitude, Nous mettre à nous
adorer ? La branche au soleil
se dore Et penche, pour
l'abriter, Ses boutons qui vont
éclore Sur l'oiseau qui va
chanter. L'aurore où nous nous
aimâmes Semble renaître à nos
yeux ; Et mai sourit dans
nos âmes Comme il sourit dans
les cieux. On entend rire, on
voit luire Tous les êtres tour à
tour, La nuit les astres
bruire, Et les abeilles le
jour. Et partout nos
regards lisent, Et, dans l'herbe et
dans les nids, De petites voix nous
disent : "Les aimants
sont les bénis !" L'air enivre ; tu
reposes A mon cou tes bras
vainqueurs. Sur les rosiers que
de roses ! Que de soupirs dans
nos coeurs ! Comme l'aube, tu me
charmes ; Ta bouche et tes yeux
chéris Ont, quand tu
pleures, ses larmes, Et ses perles quand
tu ris. La nature, soeur
jumelle D'Eve et d'Adam et du
jour, Nous aime, nous berce
et mêle Son mystère à notre
amour. Il Suffit que tu
paraisses Pour que le ciel,
t'adorant, Te contemple ; et,
nos caresses, Toute l'ombre nous
les rend ! Clartés et parfums
nous-mêmes, Nous baignons nos
coeurs heureux Dans les effluves
suprêmes Des éléments
amoureux. Et, sans qu'un souci
t'oppresse, Sans que ce soit mon
tourment, J'ai l'étoile pour
maîtresse ; Le soleil est ton
amant ; Et nous donnons notre
fièvre Aux fleurs où nous
appuyons Nos bouches, et notre
lèvre Sent le baiser des
rayons. « Les
Contemplations ». Printemps
C'est la jeunesse et
le matin. « Les Chansons
des rues et des bois » Guy de Maupassant … Au printemps Lorsque les premiers
beaux jours arrivent, que la terre s'éveille et reverdit, que la tiédeur
parfumée de l'air nous caresse la peau, entre dans la poitrine, semble pénétrer
au coeur lui-même, il nous vient des désirs vagues de bonheurs indéfinis, des
envies de courir, d'aller au hasard, de chercher aventure, de boire du
printemps. L'hiver ayant été
fort dur l'an dernier, ce besoin d'épanouissement fut, au mois de mai, comme
une ivresse qui m'envahit, une poussée de sève débordante. Or, en m'éveillant un
matin, j'aperçus par ma fenêtre, au-dessus des maisons voisines, la grande
nappe bleue du ciel tout enflammée de soleil. Les serins accrochés aux fenêtres
s'égosillaient; les bonnes chantaient à tous les étages; une rumeur gaie
montait de la rue; et je sortis, l'esprit en fête, pour aller je ne sais où. Les gens qu'on
rencontrait souriaient; un souffle de bonheur flottait partout dans la lumière
chaude du printemps revenu. On eût dit qu'il y avait sur les villes une brise
d'amour répandue; et les jeunes femmes qui passaient en toilette du matin,
portant dans les yeux comme une tendresse cachée et une grâce plus molle dans
la démarche, m'emplissaient le coeur de trouble. Sans savoir comment,
sans savoir pourquoi, j'arrivai au bord de Le pont de C'était une voisine
que j'avais : une petite ouvrière, sans doute, avec une grâce toute parisienne,
une mignonne tête blonde sous de cheveux bouclés aux tempes; cheveux qui
semblaient une lumière frisée, descendaient à l'oreille, couraient jusqu'à la
nuque, dansaient au vent, puis devenaient, plus bas, un duvet si fin, si léger,
si blond , qu'on le voyait à peine, mais qu'on éprouvait une irrésistible envie
de mettre là une foule de baisers. Sous l'insistance de
mon regard, elle tourna la tête vers moi, puis baissa brusquement les yeux,
tandis qu'un pli léger, comme un sourire prêt à naître, enfonçant un peu le
coin de sa bouche, faisait apparaître aussi là ce fin duvet soyeux et pâle que
le soleil dorait un peu. La rivière calme s'élargissait. Une paix chaude
planait dans l'atmosphère, et un murmure de vie semblait emplir l'espace. Ma
voisine releva les yeux, et, cette fois, comme je la regardais toujours, elle
sourit décidément. Elle était charmante ainsi, et dans son regard fuyant mille
choses m'apparurent, mille choses ignorées jusqu'ici. J'y vis des profondeurs
inconnues, tout le charme des tendresses, toute la poésie que nous rêvons, tout
le bonheur que nous cherchons sans fin. Et j'avais un désir fou d'ouvrir les
bras, de l'emporter quelque part pour lui murmurer à l'oreille la suave musique
des paroles d'amour. Guillaume Apollinaire … Mai Le mai le joli mai en barque sur le Rhin Des dames regardaient du haut de la montagne Vous êtes si jolies mais la barque s'éloigne Qui donc a fait pleurer les saules riverains ? . Or des vergers fleuris se figeaient en arrière Les pétales tombés des cerisiers de mai Sont les ongles de celle que j'ai tant aimée Les pétales fleuris sont comme ses paupières . Sur le chemin du bord du fleuve lentement Un ours un singe un chien menés par des tziganes Suivaient une roulotte traînée par un âne Tandis que s'éloignait dans les vignes rhénanes Sur un fifre lointain un air de régiment . Le mai le joli mai a paré les ruines De lierre de vigne vierge et de rosiers Le vent du Rhin secoue sur le bord les osiers Et les roseaux jaseurs et les fleurs nues des vignes « Alcools » Et bien d’autres textes sur le thème
du printemps ! Vous pouvez coller l’un d’entre eux ici, si vous le
désirez ! > :-) . Ecrit par Hurricane, le Dimanche 19 Mars 2006, 22:15 dans la rubrique "Textes".
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